dimanche 19 décembre 2010

L’album mythique « The spotnicks in Paris » et son space sound novateur emblématique des années 60…



Le jour où je découvris la réédition en CD du premier vinyle 33 tours/25 cm dont on me fit cadeau étant enfant, je crus que la fin des malheurs du monde était effective et que les portes du Paradis et de l'amour universel s'ouvraient à jamais pour la race humaine. Bref j'étais content. C’était il y a onze ans.

Il faut dire que cet album avait de quoi intriguer le gamin que je fus : un groupe de quatre musiciens habillés en cosmonautes (ce qui pourrait faire sourire aujourd'hui car en vérité c'était un peu grotesque) et créateurs d'une musique aux sonorités spatiales inédites constituant un concept presque surnaturel pour l'époque ! Les Spotnicks (Bo Winberg à la guitare, Björn Thelin à la basse, Bob Lander à la guitare rythmique et parfois au chant, et Ove Johansson à la batterie) débarquèrent de Suède à la fin des années 50 et se firent connaître d'abord en Allemagne et en Angleterre, puis en France avec la sortie en 1962 de ce mythique 25 cm The Spotnicks in Paris comportant dix morceaux dont les classiques The spotnicks theme, Galloping guitars, Happy henrik's polka, The rocket man et Orange blossom special. Leur objectif était de concurrencer les célèbres Shadows dont la musique instrumentale et très électrifiée squattait les charts mondiaux. Les Shadows se présentant sobrement en costard et cravate, le leader des Spotnicks Bo Winberg trouva légitime de se distinguer avec ces costumes assez kitsch mais cohérents en regard de leur thématique liée à cette époque de conquête spatiale, le spoutnik étant le premier satellite artificiel soviétique lancé en 1957 dans l'espace. Bo Winberg ne se contentait pas d'être un guitariste virtuose. Ayant une formation d'ingénieur en électronique et radioélectricité, il avait construit à la fin des années 50 son propre studio d’enregistrement dans une petite usine suédoise désaffectée. Puis un gros ampli très puissant. Et prenait plaisir à modifier le son métallique de sa guitare en y ajoutant un micro, un émetteur et des chambres d'échos de sa fabrication, ce qui donnait ce revolutionary sound enveloppant et extrêmement impressionnant (il suffit pour s'en rendre compte d'écouter le titre Moonshot, attention : la version pressage français, correspondant à la plage 3 du présent CD (chez Magic records), pas l'alternatif pressage anglais ! Et surtout, pas avec un lecteur MP3, mais plutôt à l'aide d'une platine de salon et d'un bon ampli. Ce serait du gâchis de procéder autrement vu la qualité sonore optimum de cette édition parfaitement remastérisée). Sur Orange blosson special Winberg n’hésita pas à accélérer la bande magnétique en studio afin de rendre la partie de guitare encore plus impressionnante. En concert son matériel d’amplification « fabrication maison » posait parfois des pannes inopinées, et il n’était pas rare que le groupe se retrouve à gérer ce type de problèmes très gênants sous les yeux d’un public médusé. Les prestations scéniques commençaient souvent dans la pénombre, avec un jeu de lumière étudié qui renforçait encore le sentiment de stupeur qu’on éprouvait en découvrant ces astronautes improbables et leur son venu de nulle part.

Pochette du 25cm original. Celui de mon enfance. Bo Winberg c'est le grand, à droite.

La photo du groupe me mettait mal à l'aise tout en me fascinant. Va savoir pourquoi ! Je trouvais notamment que le batteur avait une drôle de tête, un peu rentrée. Et mi-femme mi-homme. Enfin ch’ais pas… Et puis le titre Telstar me foutait les jetons. Il commence avec un bruit bizarre de télétransmissions ou d'engin spatial qui décolle, et la mélodie, tout en étant très belle, est particulièrement mélancolique voire triste (jouée aux claviers, chose assez rare chez les Spotnicks, avec probablement un orgue Hammond au son trafiqué en studio par l'insatiable expérimentateur Winberg). Cette mélodie me donnait littéralement la chair de poule. Et à l'âge de 8 ans, la chair de poule ça fait un drôle d'effet quand ça arrive. Pour la petite histoire, il faut savoir que ce disque est à l'origine d'un de mes plus grands chagrins d'enfant car il fut un jour jeté à la poubelle par mon père qui l'avait jugé trop rayé et sans intérêt, ne sachant pas (mais il aurait dû) que son fils avait l'habitude de l'écouter régulièrement sur l'électrophone de la maison (que j'ai d'ailleurs conservé religieusement, il fonctionne toujours). 

D'où l'importance pour les parents d'être souvent à l'écoute de leur progéniture ! 

Le jour où ma mère m'a informé que ce disque avait été jeté, j'ai ressenti une telle tristesse et ai tellement pleuré que mes parents se sont retrouvés tout bêtes et ont décidé de me le racheter au plus vite. Le 25 cm étant depuis devenu introuvable, ils ne purent m'offrir qu'une compilation 33 tours (rééditée elle-aussi en CD, voir ci-dessous) proposant la même photo et comportant certains titres de In Paris. Mais ce n'était plus pareil, et pendant des années j'ai rêvé de ce disque « extra-terrestre » perdu à jamais.

LA COMPILATION « DE REMPLACEMENT »... AARGH !

Jusqu'à ce jour glorieux de l'an 2000 (c'était un signe) lors d'une visite à la Fnac étoile de Paris (ma préférée, encore un signe) où je l'ai retrouvé, sans en croire mes yeux, en édition CD digipack somptueuse ! J'ai d'ailleurs attendu un long moment avant d'oser déchirer le cellophane du disque pour le sortir, plusieurs décennies après ma dernière écoute ! 








J'ai fait plus fort depuis, en retrouvant le 28 juin 2007 un exemplaire original du 33 tours/25 cm sur un célèbre site de ventes aux enchères. Oh bon sang l'émotion ! 












Moonshot, troisième titre de la face A du disque In Paris

Thundernest, quatrième titre de la face A du disque In Paris


Les voilà en concert en 1963 lors de leur grande tournée française. Et sans leurs casques. 
Z'arrivaient quand même à respirer apparemment. Mais où est donc leur fusée bon sang !

A noter qu’il ne faut pas confondre The spotnicks in Paris avec l'album nommé The spotnicks live in Paris (chez RTE/Big beat records, voir ci-dessous) qui comme son nom l'indique est un album enregistré en concert à l'Olympia en 1962, pris sur le vif par la radio Europe 1 dans le cadre de l'émission Musicorama. On y trouve les titres déjà fameux qui sont la marque de fabrique du groupe (Spotnicks theme / The rocket man / Johnny guitar / Orange blossom special / Hey hey good looking / Galloping guitars / Last space train) et à deux reprises la sympathique intervention à l’antenne du présentateur J. Martin qui meuble entre deux morceaux (on y apprend notamment que les Spotnicks n’ont présentement plus de papiers car ils se sont fait choper l’une de leurs valises à la gare en arrivant à Paris. 49 ans plus tard, que celui qui est responsable de ce vol veuille bien se dénoncer s'il vous plait, ça commence à être lourd, là ! Ok, j'déconne : y'a prescription)

Le groupe connaitra un très grand succès dans toute l’Europe durant les deux années suivantes puis, passant de mode, déclinera à partir de 1965 lorsque la nouvelle génération des groupes venant d’Angleterre redistribuera les cartes. Les Spotnicks essaieront de s’adapter, abandonnant peu à peu leurs habits de cosmonautes pour des costumes plus seyants, puis se laisseront même pousser les cheveux pendant la période hippie de 1967-1968. Peu à peu oubliés (à part dans leur pays natal ou encore au Japon où leur fan-club resta très vivace) ils finiront par se séparer. Seul Bo Winberg, véritable âme du groupe, saura ranimer périodiquement la flamme avec d’autres musiciens durant les décennies suivantes, retrouvant parfois son comparse Bob Lander pour des prestations scéniques toujours excellentes musicalement et terriblement nostalgiques.

THE SPOTNICKS - LIVE IN PARIS (POCHETTE RECTO)

THE SPOTNICKS - LIVE IN PARIS (POCHETTE VERSO)

Galloping Guitars puis The Rocket Man - (Deuxième 45 tours en 1962)


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je trouve votre article sur "The Spotnicks" un peu par hasard,
et je me suis fais la réflexion que j'ai un album de ce groupe:
" The Spotnicks ni Paris" 33 tours, 25 cm, "KV39"
en très bon état et je pense en EO.
Je peux envoyer des photos.
Je serais intéressé pour le vendre, combien puis je en espérer
et sur quel site le mettre en vente pour en tirer le meilleur prix ?
Merci de me contacter: mogedo@orange.fr.
Cordialement,
Dominique.

Christian Larcheron a dit…

Bonjour. Si votre exemplaire est vraiment en très bon état (ce qui veut dire une pochette presque comme neuf, sans coupures, traces de stylo, traces de coups, et un vinyle sans rayures et très peu de grésillements) vous pouvez le proposer dans une fourchette allant de 10 à 20 euros. Plus cher serait à mon avis de l'arnaque. Choisir les deux sites leaders de ventes entre particuliers les plus fiables, à savoir Priceminister et Ebay, me semble être la meilleure option. Cordialement.